
"La prochaine fois je viserai le coeur" de Cédric Anger
 Adapté d'un fait divers à la fin des années 70, celui du gendarme et  tueur de l'Oise (Alain Lamare), le film de Cédric Anger prend le parti  pris de délaisser l'enquête et la traque au profit d'une plongée  vertigineuse et glaciale dans la peau du tueur. Parti pris efficace,  sans complaisance, brut et sans artifices.
Un polar sombre, désespéré  qui ne cherche jamais à faire la leçon ou à donner de réponses  mais qui dresse implacablement et avec humilité le portrait d'un homme  seul, inadapté socialement, qui va succomber à ses pulsions mortifères.
La mise en scène est à l'opposé de la rudesse du sujet, elle est  discrète, toute en légèreté, planante, sourde mélodie dissimulant  l'horreur, elle s'attarde sur les détails, les silences, les mensonges,  les gestes quotidiens apparemment insignifiants.
On suit les errances du  personnage principal incarné avec justesse, subtilité et d'une  redoutable efficacité par Guillaume Canet qui montre ici toute l'étendue  de son talent. La performance de cet acteur, a balayé en presque deux  heures toutes mes précédentes réticences. Il est, à juste titre, tout  simplement et modestement "monstrueux" dans ce film. La poésie émerge de  l'horreur et laisse un grand vide lorsque soudainement tout s'arrête  laissant place au silence et à mille questions dont les réponses  resteront à jamais enfouies dans le cerveau d'Alain Lamare.
Un bel  hommage au cinéma de Melville et aux films noirs. Le cinéma français a  encore de belles choses à montrer, si on ne le cadenasse pas, par peur,  par bêtise ou par rigidité. C'est un bel exemple, un très bon film, loin  de qui se fait habituellement dans le registre du film noir ou du  polar. N'y allez pas pour avoir de l'action ou des courses poursuites  mais pour vivre une expérience effrayante et captivante dans la tête  d'un tueur.
Guillaume Foirest 

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