CINEMA - "L'AFFAIRE SK1" de Frédéric Tellier

 
Il y a des films qu'on oublie et d'autres qu'on ne risque jamais d'effacer de notre mémoire. "L'affaire SK1" fait partie de cette deuxième catégorie, et ce non seulement parce que c'est un bon polar, minutieusement écrit, relatant une histoire sombre et bouleversante, à savoir la traque de Guy Georges dans les années 80-90 mais aussi et bien évidemment surtout par sa date de sortie et d'exploitation dans nos salles qui coïncide tristement avec l'un des drames français les plus déchirant de ces 50 dernières années : L'attentat terroriste perpétué contre Charlie Hebdo suivi de la prise d'otages dans une imprimerie en Picardie et dans un magasin Casher à Vincennes.

Refusant le voyeurisme outrancier confortablement installé dans mon salon et/ou peut-être davantage littéralement effondré, abattu, par une réalité glaçante et cauchemardesque d'un événement tragique qu'on voit régulièrement se dérouler dans de nombreux pays étrangers mais qui cette fois se règle ici, en France, à Paris... J'ai trouvé refuge dans cette salle noire et obscure où toutes les histoires du monde se racontent, se mêlent et trouvent une solution, une issue.

Je suis entré à 16h35 dans la salle de cinéma le 09 janvier 2015.

Peu de gens présents, une vingtaine tout au plus, un silence pesant, un film qui commence et et qui dans le contexte actuel, nous plonge dans un autre drame, une traque de plus de 10 ans, celle du tueur et violeur Guy Georges, surnommé "Le tueur de l'est parisien". Le parallèle est inévitable et la mise en scène épurée, sobre, sans sensationnalisme, fait mouche.

Pire, le personnage qu’interprète Raphaël Personnaz, un des membres du 36 quai des orfèvres qui traque le "Monstre" se voit donné un surnom comme il est de coutume dans cette maison. Et son surnom n'est autre que "CHARLIE"....

Une lame glacée me parcourt et cette certitude qui m'habite depuis toujours qu'il n'y a pas de hasard me cogne à nouveau et me laisse chaos.

Comment ne pas vouloir y chercher un sens caché ? Comment se détacher de ce qu'il se passe dehors lorsque ce qui se joue dehors est si proche ?

Le film continue, le film se termine.

Si les français cherchaient un bon polar hexagonal en ce début d'année, c'est à n'en pas douter par ce film qu'il devrait commencer. c'est réussi, touchant, poignant et profondément humain malgré l'horreur. 

Je sors de la salle à 19h45.

Le temps de rallumer mon portable et d'apprendre que l'assaut a été lancé, les terroristes sont morts. Que d'autres victimes innocentes ont perdu la vie. Je suis abattu. Fantôme errant dans les rues d'une Capitale endeuillée. Je rentre chez moi, allume la télévision et m'effondre, seul, dans le noir.


 Guillaume Foirest

 
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